Une étude de pin

Quand je travaille dehors, je suis davantage concentrée à observer qu’à développer une idée toute neuve.

Je privilégie une attitude ouverte, attentive aux couleurs, aux mouvements, aux odeurs et tout autre picotement d’aiguilles de pin: c’est un mode réceptif, qui enregistre. Bien sur, une sélection doit se faire ( je n’ai pas décrit chaque aiguille de pin, chaque crevasse de l’écorce, donc j’ai simplifié), mais c’est quand même assez studieux.

Ce n’est pas le chemin de tous les artistes, mais pour ma part, j’ai besoin de passer par là pour apprendre. Je fais cet exercice pour nourrir mon imaginaire et pour être en contact avec ce que je veux exprimer de plus subtil.

Mon but n’est pas de faire une copie conforme: ça n’a pas d’importance, parce que chaque esquisse est une pratique, qui exprime ce que j’ai retenu à ce moment là.

Ce faisant, un dialogue se crée entre ce que je cherche à capter (Ai-je saisi l’essence de ce pin? Ai-je réussi à en traduire la majesté, la force de son tronc et la douceur de son feuillage? Le chant que fait le vent dans ses branches? Ça fait pas mal de choses, hein?) et ce que je perçois, ou devine, et qui est au-delà de toutes ces sensations.

C’est cette perception qui m’intéresse, avant tout. Elle se révèle par le contact direct avec la nature. Et elle vient comme ça, mine de rien, quand je suis attentive et que je ne la cherche pas.

Louise Jalbert, « Grand pin, lac Paré, 27 juillet 2018 », Aquarelle sur papier, album aquarelle Moleskine, 21 x 58 cm