Faire des gammes

Je fais des exercices techniques. C’est très simple, et une bonne façon de relancer l’inspiration quand on ne sait pas trop par où commencer. J’ai une idée de ce que je veux développer, mais j’ai l’impression de tâtonner en ce moment, et réchauffer mes habiletés techniques est une bonne façon de me donner un élan.

C’est aussi une façon de réfléchir sans en avoir l’air. En jouant librement avec les matériaux, les idées viennent souvent plus aisément et avec le bénéfice d’exercer ma main, ce qui me permettra d’avoir la tête plus libre en travaillant ensuite.

Comme je n’ai pas utilisé l’acrylique sur toile depuis un moment, je tiens à me familiariser à nouveau avec ce matériau qui a beaucoup évolué ces dernières années. C’est un peu comme si je passais du piano au violon: je reviens en quelque sorte à la base et je dois faire des gammes, histoire de me délier les doigts.

Sur des morceaux de toile libre, je fais des essais de touche, avec pinceau ou autre nouvel instrument sur le marché, des essais de couleurs, d’opacités et de transparences, de fluidité et d’épaisseurs. Ce faisant, je développe une autre manière de peindre qui va devenir petit à petit plus naturelle.

 

Parallèlement, je réfléchis à mes compositions par le dessin. Le format miniature est une habitude que j’ai développée quand j’étais illustratrice et qui me permet de visualiser rapidement mes idées.

Voilà où j’en suis, progressant lentement dans un univers complexe.

 
Louise Jalbert, « Essais acrylique sur toile », 2018, 71 x 96 cm et carnet de croquis, 2018, 21 x 28 cm

Maud

J’ai fais la connaissance d’une peintre émouvante.

En fait, c’est en visionnant un film que j’ai découvert sa vie et son oeuvre. Et j’ai été si touchée que c’est un peu comme si je l’avais rencontrée. Elle s’appelait Maud Lewis, et elle vivait en Nouvelle-Écosse, près du village de Digby.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Maud_Lewis

Le film, intitulé « Maudie » raconte sa vie et sa relation avec son mari, Everett Lewis. Une vie marquée par la pauvreté et la maladie, car Maud souffrait depuis sa jeunesse de polyarthrite rhumatoïde, une condition douloureuse qui déforme progressivement les articulations.
https://www.youtube.com/watch?v=HJCE44M7ybk

Mais Maud aimait peindre. Bien qu’elle n’ai reçu aucune formation académique en art, elle était imaginative, sensible, et déterminée à s’accorder cet espace de liberté. Pour une femme handicapée habitant en zone rurale à cette époque, c’était déjà tout un exploit.

Maud faisait avec les moyens du bord, sur ce qu’elle trouvait, planches de bois, cartons et à peu près toutes les surfaces de la petite maison qu’elle partageait avec son mari, Everett. Audacieuse, elle laissa libre cours à son désir irrépressible d’exprimer sa vision du monde et de s’entourer de sa propre définition de la vie et de ses beautés.

Son art est sans doute naïf, mais il témoigne de sa force émotionnelle et il s’en dégage une bonne humeur contagieuse. Et c’est ce qui m’a touchée le plus chez cette femme: son talent pour distiller la joie à partir d’une vie que d’autres auraient trouvée désespérante. C’est toute une leçon de courage et d’amour de la vie.

Maud Lewis, image tirée du documentaire réalisé par Diane Beaudry, Office national du film du Canada.