« Chaque paysage est un état d’âme. »
Cette citation de Henri Frédéric Amiel, brève mais puissamment évocatrice, réussit en quelques mots à transporter notre imaginaire.
Henri Frédéric Amiel, Journal intime, 31 octobre 1852
Sans vouloir m’aventurer ici dans un propos philosophique, je dois dire que je la saisit à ma façon. J’observe la nature et je la peins depuis longtemps; j’en suis venue à développer ma propre relation intuitive avec l’idée du paysage.
Que ce soit le paysage réel, représenté ou imaginé, cette notion est propice à la rêverie. C’est un lieu où le fil incessant de nos pensées peut s’interrompre, permettant à notre esprit de se déposer, par exemple, sur le motif entrelacé des branches d’un arbuste ou les nuages qui courent dans le ciel. Sous nos yeux, à petite ou à grande échelle, un monde vivant se déploie avec ses formes, ses couleurs, ses matières et ses espaces divers, constamment en train de se transformer, de mourir et de naître. Sa nature éphémère nous rappelle la nôtre, et la permanence de son renouveau nous apporte un réconfort.
Je vois le paysage comme une sorte d’écran géant, qui se prête à la réflexion de notre propre monde intérieur. Il nous renvoie, non pas des idées et des mots, mais des perceptions visuelles et sensorielles qui nous touchent directement, et profondément.