D’un procédé à l’autre

Au cours des dernières années, j’ai travaillé l’aquarelle exclusivement. Cela m’a permis d’approfondir la maîtrise de cette technique que j’avais choisi pour ses qualités de légèreté, de fluidité et de transparence. Comme je cherche maintenant à élargir mon registre pictural, de la fluidité jusqu’à une certaine densité, je dois changer de procédé.

Je vois la technique un peu comme un language. On ne dit pas les choses de la même façon dans une langue que dans une autre. Les mots n’ont pas les mêmes significations, les expressions sont différentes, les sons et les intonations aussi. Passer d’une langue à l’autre, c’est aborder un autre univers. C’est pourquoi aborder une habileté peut être stimulant.

C’est à la gouache que je fais mes esquisses en ce moment. Elle se travaille à l’eau, comme l’aquarelle, mais au contraire de cette dernière, la qualité principale de la gouache est d’être opaque. Cela donne un aspect plus intense aux couleurs, qui peuvent être superposées sans risque de perdre de leur intensité, par exemple des couleurs claires sur des couleurs foncées. Autrement dit, c’est donc plus facile de corriger un erreur!


Voici un exemple de gouache (à gauche) et d’aquarelle (à droite). J’ai utilisé le bleu céruléen dans les deux cas, mais l’effet n’est pas le même. La gouache est très couvrante, avec un fini velouté. On peut revenir avec d’autres couleurs, même plus claires. L’aquarelle est plus subtile, et chaque couche de couleur s’ajoute à la précédente, ce qui fait qu’on ne peut en mettre plus de deux ou trois sous peine de les voir se ternir.

La gouache me permet donc de faire des essais rapides pour élaborer mes idées avant de les transposer sur une plus grande échelle. Dans l’esquisse ci-dessus, j’étudie différentes possibilités de couleur, telles que l’arbre rouge contre le ciel bleu, ou encore une idée d’espace, par example la végétation en rapport avec la maison en bas à droite. 

 

 

J’ai quand même conservé certaines parties en transparence, pour augmenter le contraste, comme les arbres en mauve, vers le bas, à droite.

L’aspect mat et velouté de la gouache me semble avoir beaucoup de potentiel. Ce qui fait que je vais continuer avec cette technique pour quelque temps encore. 

 

 
  Louise Jalbert, « Arbre rouge sur ciel bleu », 2017, gouache sur paper, 31 x 22 cm