J’apprécie les oeuvres d’art qui savent garder une part de mystère. Qui évoquent plus qu’elle ne racontent, et qui nous touchent avant même que nous ayons eu le temps de comprendre.
J’ai toujours eu du plaisir à lire, et parmi les oeuvres qui m’ont le plus marquée, figure le Journal d’Anaïs Nin. Écrivaine audacieuse, imaginative et sensible, c’est grâce à ses récits intimes que j’ai pris connaissance de l’importance de la poésie au quotidien et du pouvoir de l’évocation.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Anaïs_Nin
La poésie est un mystère, et si vous désirez vous rapprocher des êtres humains, vous ne pouvez parler en paraboles. J’ai réfléchi au mystère et à l’évocation, à tout ce que Djuna Barnes ne nous a pas dit, tout ce que Proust ne nous a pas dit, et tout ce qu’Henry James ne nous a pas dit. En poésie, on évite ce qui est explicite, afin de mieux révéler un autre aspect, une autre vie.
Anaïs Nin,
Le Journal d’Anaîs Nin, 1947-1955, traduction Louise Jalbert
Suggérer plutôt que d’illustrer, inviter le regard à voir et percevoir au-delà de ce qui est peint me semble une quête intéressante.
Quand je fais une première esquisse, j’ai tendance à être exhaustive, parce que je veux saisir tout ce que je vois. Cela peut me prendre quelques essais avant d’arriver à extraire l’essentiel de ce qui a retenu mon attention.
L’esquisse ci-dessus est une étude de l’arbre chez mon voisin, vu à travers les branches d’un autre arbre qui est devant ma fenêtre. Cette combination de formes et de couleurs apparait une fois par année à cette saison. C’est beau, éphémère et ce que j’y vois ne tient pas de la carte postale. Le défi est de capter cette beauté et de la rendre tangible, de ne pas tout montrer, en espérant garder une part de son mystère.